La meilleure façon d’éveiller l’intérêt des individus est de briser directement leurs schémas existants.
Nora Ephron est scénariste (Quand Harry rencontre Sally, Nuit Blanche à Seattle), elle se souvient encore de son premier cours de journalisme.
Les élèves sont assis devant leurs machines à écrire et le professeur leur a confié leur première mission : rédiger l’attaque d’un article de quotidien. Le professeur leur dévoila les faits : “Kenneth I. Peters, proviseur du lycée de Beverly Hills, vient d’annoncer que toute l’équipe enseignante se rendrait à Sacramento jeudi prochain pour un colloque sur les nouvelles méthodes d’enseignement. Interviendront notamment à la tribune l’anthropologue Margaret Mead, le président du lycée Robert Maynard Hutchins et le gouverneur de Californie, Edmund Pat Brown.”
Les journalistes en herbe s’attaquèrent donc à leur première “attaque”, en réorganisant les faits pour les condenser dans une seule pharse : “Le gouverneur Pat Brown, Margaret Mead et Robert Maynard Hutchins prendront la parole jeudi prochain à Sacramento, devant les enseignants du lycée de Beverly Hills…”
Le professeur ramassa les feuilles et les parcourut rapidement. Puis il les posa sur son bureau et resta silencieux quelques instants. Lorsqu’il reprit la parole, ce fut pour dire : “L’attaque de l’article est : Il n’y aura pas école jeudi prochain.”
“J’ai vécu quelque chose d’absolument extraordinaire, se souvient Nora Ephron. J’ai brutalement compris que le journalisme, ce n’était pas seulement régurgiter des faits mais aussi en percer le sens.”
Ce professeur a eu un impact formidable avec une idée qui, en quelques secondes, a réécrit le schéma du journalisme dans l’esprit de ses élèves.
[Extrait du livre de Chip & Dan Heath
“Ces idées qui collent : Pourquoi certaines idées survivent et d’autres meurent”]