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[Extrait] Quand je serai vieille…

“Quand je serai vieille, je m’habillerai de mauve
Je mettrai un chapeau rouge qui jure avec ma robe
Je dépenserai ma pension en cognac et en gants de dentelle
En sandales de satin et je dirai que
Nous n’avons pas les moyens d’acheter du beurre

Je m’assoirai sur le trottoir quand je serai fatiguée
Je tirerai les sonnettes d’alarme
Je ferai courir ma canne sur les barreaux des clôtures
Je rattraperai le temps perdu quand j’étais jeune et sérieuse

Je sortirai en pantoufles sous la pluie
Je cueillerai des fleurs dans les jardins des autres
J’apprendrai à cracher très loin
Mais peut-être devrais-je m’exercer un peu avant
Afin que mes amis ne soient pas surpris et choqués
Quand tout à coup je serai vieille
Et que je m’habillerai de mauve

Rose in the afternoon, Jenny Joseph, 1963″

[Source : Femmes et Féministes Insoumises]


[Extrait] Le jour où j’ai appris à vivre, L.Gounelle – Ecoute ton cœur

Ecoute ton cœur…
Extrait de « Le jour où j’ai appris à vivre » de Laurent Gounelle :

Les expressions populaires sont moquées par les intellectuels. Eh bien, ils ont tort ! Le peuple est souvent plus sage que ses élites qui se croient au-dessus de tout le monde. C’est le cœur qui décide. Dans notre société, on s’est tellement mis à l’esprit que tout se passe dans la tête qu’on s’est coupés du reste du corps. On ne valorise que le cerveau, tout ça parce qu’on a des neurones dedans. C’est ridicule ! Surtout qu’on a également des neurones dans le cœur et l’intestin et personne n’en parle : environ 40 mille neurones et 500 millions dans ton intestin. Et ces deux organes disposent chacun d’un système nerveux indépendant et bien développé.

Les bonnes décisions viennent du cœur ou des tripes. Pas de la tête. Dans l’Egypte ancienne, on l’avait bien compris, d’ailleurs. Avant de momifier un pharaon, les Egyptiens extrayaient de son corps tous les viscères. Mais ils ne gardaient que ceux qui avaient de l’importance, qu’ils conservaient soigneusement dans de somptueux vases destinés à être enterrés avec la momie. C’était le cas du cœur et des intestins, notamment.

Elle marqua une courte pause avant d’ajouter : le cerveau, ils le jetaient à la poubelle.

[Source : « Le jour où j’ai appris à vivre » de Laurent Gounelle]


[Extrait] Le jour où j’ai appris à vivre, L.Gounelle – De la complétude

“La société ne cesse de nous faire croire que nous sommes incomplets.
La nature nous rend notre complétude.”
Extrait de « Le jour où j’ai appris à vivre » de Laurent Gounelle :

– La nature nous rend ce que la société nous a confisqué.
– Quoi ?
– Notre complétude. (…) Nous sommes des êtres complets et la nature nous amène à le ressentir profondément, alors que la société crée en nous le manque. Elle sait nous faire croire et nous faire ressentir qu’il nous manque quelque chose pour être heureux. Elle nous interdit d’être satisfaits de ce que nous avons, de ce que nous sommes. Elle ne cesse de nous faire croire que nous sommes incomplets.

Ces propos avaient un écho particulier en lui. Cet état de complétude qu’elle évoquait correspondait bien à ce qu’il avait ressenti dans la nature, en effet. Un état si loin de ce goût finalement insipide et décevant que lui avait laissé sa première semaine consumée de plaisirs de toutes sortes, comme il l’expliqua à Margie. (suite…)


[Extrait] Les dix enfants que Mme Ming n’a jamais eus, EE.Schmitt (6) De la vérité

Extrait de “Les dix enfants que madame Ming n’a jamais eus” d’EE. Schmitt.

“- Il séjournera quelques années en prison.
Mais ça ne vous réparera pas, madame Ming.
– ça le réparera lui, peut être.”
“Une injustice s’efface si l’on parvient à l’oublier.”

“Après tout, peu importe la vérité, seul compte le bonheur, non ?” “La vérité c’est juste le mensonge qui nous plaît le plus, non ?”

“Si l’on prive quelqu’un du mensonge qui soutient son existence,
il s’effondre.” “Parfois, j’estimais que nos destinées ne devaient pas se restreindre à la réalité mais s’enrichir de rêves, de fantasmes, lesquels, s’ils ne sont pas la teneur des choses, témoignent de la vitalité de l’esprit ; une minute après, je regrettais qui ni madame Ming ni Ting Ting n’aient pu accepter le monde tel qu’il est. (…) “La vérité m’a toujours fait regretter l’incertitude.”

* * * * *

“La sincérité, c’est le contraire du discernement ! Pour atteindre l’harmonie entre soi et les autres, il faut analyser les pensées, les filtrer, en refouler certaines. La vérité ne constitue pas un but, elle n’a d’intérêt que si elle sert ; or, la plupart du temps, elle freine ; pis, elle détruit.”

“Shuang, mon chéri, ce que tu dis, les gens ne le saisissent pas, tes phrases provoquent un malentendu. – Maman, je me cantonne à la vérité ! Pourquoi avouer autre chose ? – Mon fils, la question me semble celle-ci : pourquoi les hommes ne supportent-ils pas la vérité ? Premièrement, parce que la vérité les déçoit. Deuxièmement, parce que la vérité manque souvent d’intérêt. Troisièmement, parce que la vérité n’a guère l’allure du vrai – la plupart des faussetés sont mieux troussées. Quatrièmement, parce que la vérité blesse. Je ne veux pas que tu mènes la guerre en croyant propager la paix. – Maman, que faire ? Mentir ? – Non, te taire. Le silence est un ami qui ne trahit jamais.”

“Shuang m’a obéi. Au début, ça révulsait tellement sa nature – se tenir coi – qu’il renâclait, après il a été encouragé par ses succès : plus il se taisait, plus on lui prêtait de profondeur ; plus il se taisait, plus ses employeurs lui supposaient des compétences. Les gens pouvaient enfin projeter leurs espérances sur lui.”

“Les idolâtres de la vérité se révèlent des barbares, la délicatesse surclassant la sincérité. Pour la cohésion de la communauté, on place la sérénité, l’entente, au-dessus du vrai.”

[Les dix enfants que madame Ming n’a jamais eus,
Eric-Emmanuel Schmitt]

Le résumé du livre ici :  (suite…)