[Extrait] Le jour où j’ai appris à vivre, L.Gounelle – De la complétude


“La société ne cesse de nous faire croire que nous sommes incomplets.
La nature nous rend notre complétude.”
Extrait de « Le jour où j’ai appris à vivre » de Laurent Gounelle :

– La nature nous rend ce que la société nous a confisqué.
– Quoi ?
– Notre complétude. (…) Nous sommes des êtres complets et la nature nous amène à le ressentir profondément, alors que la société crée en nous le manque. Elle sait nous faire croire et nous faire ressentir qu’il nous manque quelque chose pour être heureux. Elle nous interdit d’être satisfaits de ce que nous avons, de ce que nous sommes. Elle ne cesse de nous faire croire que nous sommes incomplets.

Ces propos avaient un écho particulier en lui. Cet état de complétude qu’elle évoquait correspondait bien à ce qu’il avait ressenti dans la nature, en effet. Un état si loin de ce goût finalement insipide et décevant que lui avait laissé sa première semaine consumée de plaisirs de toutes sortes, comme il l’expliqua à Margie.

– ça, c’est encore autre chose ! s’exclama-t-elle un sourire narquois aux lèvres. Tu t’es abandonné au péché, cette semaine-là !
– T’es un peu gonflée de me reprocher ça, une bouteille de vodka sur la table. Toi qui as eu trois maris…
Elle éclata de rire.
– Mon cher neveu, je n’ai jamais dit que pécher était mal !
– Je ne te suis plus, alors…
– Si tu connaissais l’araméen, tu comprendrais… (…) Nos ecclésiastiques ont longtemps cherché à nous culpabiliser, en effet, comme si pécher était toujours commettre une terrible faute morale… Tout ça à cause d’une simple erreur de traduction… (…) Oui, le mot d’origine, utilisé par Jésus, que l’on a traduit par “péché” était khtahayn. Il signifie plutôt “erreur”, dans le sens où ce que l’on fait ne correspond pas à l’objectif. De même, quand Jésus parlait de ce qui est mal, il utilisait le mot bisha, qui veut plutôt dire “inadéquat”. Bref, commettre des péchés n’est pas vraiment faire le mal, mais plutôt se tromper et s’éloigner de l’objectif.
L’objectif ? Mais… quel objectif .
– Ah… toute la question est là…, dit-elle en versant du thé dans leurs tasses. Les chrétiens, juifs et musulmans te répondront sans doute “Trouver Dieu”, les bouddhistes “Trouver l’éveil”, les hindouistes “Atteindre la délivrance”, et d’autres te diront “Trouver le bonheur”… Mais dans le fond, c’est sans doute un peu la même chose. Comme il est écrit dans les Veda en Inde : “La vérité est une ; nombreux sont les noms que lui donnent les sages.
(…)
– On est attirés par des plaisirs facilement accessibles, et sitôt consommés (…) on est après coup un peu déçus, n’est-ce pas ? (…) Eh bien tu ne trouveras jamais le bonheur à l’extérieur, vois-tu. (…) Et plus tu vas obtenir de plaisirs en provenance de l’extérieur, plus tu vas conditionner ton cerveau à se tourner vers l’extérieur pour y chercher des sources de satisfaction. (…) Cela dit, autant savourer les plaisirs qu’on s’octroie ! Si l’on cède à la tentation, mieux vaut s’en délecter ! (…) Mais si tu cherches au mauvais endroit, tu ne trouveras rien. (…)  Les bouddhistes ont très bien compris ce phénomène. Ils considèrent que nos désirs sont l’une des causes de nos souffrances. C’est pour ça qu’ils invitent à se libérer de ses désirs.
– Si je parvenais à me libérer de mes désirs, il y aurait… comme un grand vide. Je m’imagine comme ça, zen, sans rien faire parce que je n’ai plus envie de rien, et je trouve ça… un peu tristounet, non ?
– Ah, mon chéri, tu dis ça parce que notre société ne t’a amené à ressentir que les plaisirs fugaces issus de la satisfaction de tes désirs ; elle ne t’a pas donné l’opportunité de ressentir la vraie joie, celle qui vient de l’intérieur. (…) C’est devenu culturel, on nous a conditionnés à ça.
– Mais comment je fais pour lutter contre mes désirs, moi ?
– Il ne faut surtout pas lutter contre ses désirs ! Si tu luttes contre tes désirs, ça signifie qu’une partie de toi a envie de quelque chose, et une autre partie de toi lutte contre cette envie. C’est une sorte de guerre intérieure entre toi et… toi. ça risque pas de marcher ! (C’est d’ailleurs pour ça que la plupart du temps, quand on fait un régime, on échoue.) Quand on fait la guerre contre soi-même, une chose est sûre : l’un de nous va perdre ! En fait, je ne crois pas que l’on puisse retirer des choses en nous. On ne peut qu’ajouter. Ajouter en nous des choses qui sont plus fortes que nos désirs, des choses qui vont transcender nos désirs et nous nourrir, nous illuminer au point de nous les faire oublier. Juste oublier. Alors  nos désirs s’évaporent d’eux-mêmes.
– Et… c’est quoi, ces choses ?
Celles qui nous permettent d’exprimer qui on est véritablement, et ce pour quoi on est fait. Ces choses qui nous apportent un contentement, une joie qui vient du plus profond de nous-même. Cherche à l’intérieur. Et pour ça, il faut s’accorder de l’espace et du temps rien que pour soi. Laisser émerger des choses…

[Source : « Le jour où j’ai appris à vivre » de Laurent Gounelle]

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