[Fiche] Changements, P.Watzlawick


Illustrations

La légende de Carcassonne.
Depuis 5 ans, la Cité Médiévale où règne “Dame Carcas” est assiégée et la famine se fait sentir. Il ne reste plus dans la ville qu’un petit cochon et une mesure de blé. Dans une tentative désespérée, Dame Carcas gave alors cet ultime cochon avec le reste de blé et le jette du haut du rempart. Il éclate et le flot de bon grain s’échappe aux pieds de l’assaillant. Persuadé que la cité regorge encore de victuailles, celui-ci décide alors de lever le camp. Pour annoncer la bonne nouvelle aux alentours, Dame Carcas fit sonner les cloches de la ville. « Sire, Carcas sonne ! »

Moins de la même chose.
Un jeune couple ne parvient plus à sortir d’une relation de dépendance avec les parents du marié. Ces derniers, voulant bien faire, continuent à subvenir à tous ses besoins : réalisation des tâches domestiques, cadeaux en tout genre, aménagement de la maison… ils décident de tout. Toute réaction opposée du jeune homme ne fait que compliquer la situation et le culpabiliser davantage. Des histoires improbables se produisent comme lorsqu’il se bat avec son père devant le serveur pour payer la note de restaurant, ou supplient tout deux la caissière du supermarché d’accepter leur agent. Plus le jeune homme essaie d’établir un minimum d’indépendance, plus les parents veulent aider.

Voici ce qui lui a été conseillé pour sortir de cette impasse : adopter le comportement inverse. Il avait désormais l’obligation de se laisser complètement aller et d’abandonner toutes les tâches à ses parents. Le résultat ne s’est pas fait attendre. Après deux semaines de ce traitement, les parents ont écourté leur séjour. Le père a finalement expliqué à son fils qu’il l’avait beaucoup trop dorloté, qu’il s’était visiblement habitué à se faire entretenir, et qu’il était grand temps qu’il se comporte de manière plus adulte. Les parents ont ainsi conserver leur rôle de “bons” parents, mais se sont donné une nouvelle tâche : sevrer leur fils… pour son plus grand bonheur !

Rendre explicite l’implicite.
Un couple se disputait régulièrement, au grand damne de la femme. Le mari – qui avouait prendre plaisir à se quereller – utilisait une méthode de provocation subtile pour que la femme réagisse de telle façon qu’il s’emportait et l’attaquait. Elle ne se rendait pas compte que sans cette réaction, l’escalade n’aurait pas lieu.

Cette situation a été rendue explicite en plaçant le mari dans le même contexte, mais avec d’autres protagonistes. Il avait pour objectif de se disputer avec quelqu’un à l’extérieur. Cependant, malgré de multiples tentatives, il n’y ait jamais parvenu. Le garçon du bar à qui il cherchait querelle n’a pas relevé ses objections, le collègue qu’il a attaqué a admis ses torts, le gardien du parking est resté stoïque et objectif. Le mari admet alors devant sa femme “Peut être parce que je suivais vos directives, je n’ai pas fait un effort assez grand. Mais j’avais bien manigancé à deux reprises, et si seulement il y avait eu quelqu’un pour me renvoyer la balle, il y aurait eu une belle empoignade.” La femme a ainsi compris son propre apport au problème, bien mieux qu’elle n’aurait pu le faire à travers une explication. 

Annoncer au lieu de cacher.
Beaucoup de problèmes ont en commun un handicap provoquant une inhibition sociale ou une gêne. Les problèmes de ce type sont généralement définis sans difficulté, mais la tentative de solution fait appel à un effort de volonté voué à l’échec. Ainsi, l’orateur ayant peur de parler en public fait tout pour maîtriser son trac, aggravant la situation. La solution : lui demander d’introduire son discours en déclarant au public qu’il se sent très énervé et que le trac risque d’être plus fort que lui. Plutôt que de dissimuler son symptôme, le sujet va l’annoncer : la tentative de solution (maîtriser son trac) constituant le problème, celui-ci disparaît alors. Il en est de même avec le bégaiement.

<< Page précédente| Page suivante >>

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *