[Fiche] Changements, P.Watzlawick


ChangementsIl arrive, dans les relations humaines, d’enfermer le dialogue dans une impasse, dans une situation où les individus s’empêtrent dans des problèmes mutuels. “Plus ça change, plus c’est la même chose”. Les tentatives de provoquer un changement ne sont alors qu’un jeu sans fin impossible. Dans ce livre, les auteurs proposent une technique qui s’attaque au quoi (et non au pourquoi) pour permettre le changement dans notre rapport à autrui.

Le système ne peut engendrer de l’intérieur les conditions de son propre changement.

P. Watzlawick définit deux types de changements (1) et (2).

Le changement (1) s’effectue à l’intérieur d’un cadre formé par les deux interlocuteurs. Le sujet tente alors spontanément de s’opposer à son interlocuteur, qui réplique de la même façon. Ces interactions qui consistent à effectuer “plus de la même chose” les conduisent à une escalade, et les enferment dans une impasse. Dans ces situations, les problèmes s’aggravent si :

[Terrible simplification] Les protagonistes nient que le problème soit un problème. Tout avis contraire est alors considéré comme insensé et relevant de la folie. Par exemple, il s’agit de l’université qui s’obstine à ne pas changer son système par argument qu’il a été performant dans le passé.

[Syndrome d’utopie] Les protagonistes estiment que la situation ne peut ou ne doit pas être changée. Ils croient pouvoir trouver la solution définitive. Exemples : redonner goût à la vie, retrouver le chemin du bonheur conjugale parfait… Les difficultés sont alors minimisées et les échecs rejetés sur soi ou sur les autres. Cette voie a des conséquences néfastes car en cherchant avec ardeur ce qui n’existe pas elle passe à coté de ce qui existe.

Une illustration de ce point est le couple qui s’efforce de chercher l’utopie du bonheur conjugal, mais, forcé de constater le contraire, fini par remettre en cause sa relation : “puisqu’on ne trouve pas ce bonheur alors notre couple est mal construit”. La solution est le problème.

[Paradoxe] Les protagonistes tentent d’opérer un changement, mais il s’agit seulement d’un changement (1) qui renforce le problème. Quelques exemples :

  • Soyez spontané” (pas évident quand c’est un ordre !)
  • Ne pensez pas à un éléphant” (je suis sûre que vous venez de le visualiser)

De même :

  • Forcer le sommeil pour essayer de vaincre l’insomnie ne fera que aggraver ce mal
  • L’action d’un entourage dans le but de remonter le morale d’une personne déprimée “Relativise, regarde tout ce que tu as déjà” l’enfonce encore plus
  • La tentative d’un mari de remédier à la jalousie de sa femme en lui cachant plus de choses pour éviter qu’elle ne s’inquiète ne fera que aggraver une jalousie qui n’a pas lieu d’être

Le changement (2), en revanche, est un méta-changement. Il consiste à sortir du cadre, en modifiant la norme elle-même (cf. le problème des 9 points). Alors que le changement (1) semble toujours reposer sur le bon sens, le changement (2) est inattendu. Exemple : guérir l’insomnie en essayant de rester éveillé le plus longtemps possible. Il place la situation dans un nouveau cadre logique immédiatement supérieur. Il permet ainsi de voir les faits autrement et de modifier leur signification (recadrage).

La réalité est le résultat d’une construction : elle n’existe pas de façon objective. La réalité c’est le sens que nous donnons aux choses. Quand de nombreux individus s’accordent sur ce sens, la perception commune devient réalité. Dès lors, il est possible de changer cette réalité, en proposant un autre angle d’observation. Recadrer c’est changer le sens qu’on donne à une situation. 

Exemples : Tom Sawyer, puni, devait blanchir une clôture à la chaux. Sentant qu’il risquait d’être la risée de ses camarades, il est parvenu à renverser la situation en la leur montrant comme une formidable opportunité de participer à un nouveau jeu. 

Comment résoudre un problème ?

  1. Identifier le fond du problème et le définir clairement, en termes concrets
  2. Examiner les solutions déjà essayées, qui ont fait perdurer le problème
  3. Définir concrètement le changement auquel on veut aboutir (une réponse qui ne peut être exprimé suppose une question qui elle, non plus, ne peut être exprimée)
  4. Formuler et mettre en oeuvre l’action de changement

A noter : pour convaincre le patient, il faut utiliser son langage, et ne pas jouer son jeu mais l’exploiter en le redirigeant. Le changement peut utiliser la résistance comme un atout : amplifier une opposition plutôt que la contredire mène le patient à modifier naturellement son point de vue. De même, quand les utopies seront amplifiées, le patient prendra conscience de leur disproportion. Rendre explicite un problème implicite peut suffire à effectuer le recadrage. Lorsque le patient vie dans la peur constante de faire une faute grave, l’acte de commettre délibérément une petite erreur, lui fait prendre conscience de l’absurdité de son angoisse.  La solution qui lui est proposée est parfois tellement dérangeante que le simple fait pour lui de s’engager à l’appliquer conduit au changement attendu.

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