Le besoin d’estime, source de motivation


La pyramide de Maslow définit un certain nombre de besoins que l’être humain tente de satisfaire ; physique, sécurité, appartenance, reconnaissance, réalisation de soi. Faire appel à ses besoins et proposer de les satisfaire permet de motiver les individus. Les besoins tangibles, physiques, sont motivants : nous aimons tous recevoir des primes, avoir un emploi sûr, nous sentir bien dans notre environnement. Mais nous focaliser sur ces besoins ne suffit pas, les suivants (appartenance, reconnaissance, réalisation de soi) permettent d’en appeler à des motivations plus profondes.

Voici un exemple, donné par un militaire retraité de l’armée américaine, responsable d’un mess.

La nourriture militaire est telle qu’on se l’imagine : fade, trop cuite et préparée en quantités massives. Pas de brins de persil artistiquement disposés sur les assiettes non plus. Les cantines militaires sont avant tout des usines à calories, donnant aux soldats le carburant dont ils ont besoin pour faire leur travail. Comme le dit un vieil adage : « Une armée voyage sur son estomac. »

La cantine Pegasus, toute proche de l’aéroport de Bagdad, s’est taillée une réputation bien différente. Au Pegasus, la côte de bœuf est parfaitement cuite. Pastèques, kiwis et raisin sont artistiquement disposés sur le plateau de fruits. On raconte même que des soldats font le trajet depuis la Zone Verte (la zone américanisée et protégée de Bagdad), sur une des routes les plus dangereuses d’Irak, pour venir goûter à la cuisine du chef. Lorsque la guerre d’Irak a éclaté, Floyd Lee, le responsable du Pegasus, profitait tranquillement de sa retraite après vingt-cinq ans de bons et loyaux services comme cuisinier dans les marines et l’armée. Renonçant au confort de sa retraite, il a décidé de prendre le poste. « Le Seigneur m’a donné une deuxième chance de nourrir les soldats, dit-il. J’ai attendu ce travail toute ma vie et voilà, je suis à Bagdad. »

Lee sait tout des difficultés du métier de soldat. Les soldats travaillent souvent dix-huit heures par jour, sept jours sur sept. En Irak, le danger est omniprésent. Lee veut que le Pegasus soit un havre dans le chaos. Il a une vision très précise de sa mission : « Je ne suis pas seulement en charge de la nourriture ; je suis responsable du moral des troupes. »

Cette vision s’exprime à travers des centaines de gestes quotidiens du personnel de la cantine. Au Pegasus, les traditionnels murs blancs sont couverts d’étendards d’équipes de sport. Les fenêtres sont dorées et il y a des nappes vertes à glands sur les tables. Les violentes lumières fluorescentes ont été remplactées par des ventilateurs de plafond, qui diffusent une lumière douce. Les serveurs portent de grandes toques blanches de cuisiniers.

Le plus remarquable, c’est que le Pegasus travaille avec les mêmes matières premières que les autres. Il sert le même menu « Armée vingt-et-un jours» que les autres cantines. Ses produits proviennent des mêmes fournisseurs. C’est l’attitude qui fait la différence. Un cuisinier passe en revue les arrivages quotidien de fruits, élimine les raisins abîmés, choisit les plus beaux morceaux de pastèque et de kiwi, pour préparer le plateau de fruits parfait. Le soir, la table des desserts propose un choix de cinq tartes et de trois gâteaux. La côte de bœuf du dimanche est marinée pendant deux jours. Un cuisinier originaire de la Nouvelle-Orléans commande des épices pour relever les entrées qui sont envoyées en Irak par la poste. Le chef pâtissier – une femme – dit que son gâteau à la fraise est « sexuel et sensuel – une première dans les annales de la cuisine militaire.

Lee est conscient que servir à manger est un travail maisqu’améliorer le moral des troupes est une mission. Celle-ci est faite de créativité, d’expérimentation et de talent. Servir à manger est affaire de louche.Comme le souligne un des soldat qui fait le déplacement jusqu’au Pegasus pour le dîner du dimanche : “Lorsque vous êtes ici, vous oubliez que vous êtes en Irak.” En redéfinissant la mission de sa cantine, il a donné envie à ceux qui travaillent avec lui de créer une oasis au milieu du désert.

Sur la pyramide de Maslow, ce sont les besoins d’Esthétique, d’Apprentissage et de Transcendance, qui sont alors satisfaits. [La pyramide de Maslow]

[Source : Chip & Dan Heath
“Ces idées qui collent : Pourquoi certaines idées survivent et d’autres meurent”]

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