“Quand on ne se connaît pas… on laisse nos illusions diriger notre vie.”
Extrait de « Le jour où j’ai appris à vivre » de Laurent Gounelle :
Cherche à l’intérieur. Et pour ça, il faut s’accorder de l’espace et du temps rien que pour soi. Laisser émerger des choses… Apprendre à décoder les messages de ton cœur, de ton corps… (…) Entendre les messages chuchotés par notre âme, qui murmure d’une voix si douce, si faible, qu’il faut tendre l’oreille.
Comment veux-tu la percevoir dans le brouhaha incessant ? Pense à toutes ces informations auxquelles on est soumis en permanence. Sais-tu pourquoi on en devient dépendant ? Parce qu’ils induisent en nous des émotions. Et lorsqu’on ressent des émotions, on se sent vivre. Or, plus nos émotions sont induites par l’extérieur, moins on sait les faire émerger de l’intérieur par nos propres pensées, nos actions, nos ressentis. C’est un peu comme si on vivait dans un wagonnet de montagnes russes, ballottés à longueur de journée dans un train dont on ne connaît pas le conducteur et dont on ignore où il nous emmène.
Tu sais, une graine a du mal à germer dans une terre étouffée par une végétation envahissante. Il faut un peu d’espace pour que la lumière vienne à nous. Si on ne prend pas le temps d’écouter notre âme, de recueillir ce qui vient du plus profond de nous-même, alors on risque de ne pas vraiment se connaître. Et quand on ne se connaît pas… on laisse nos illusions diriger notre vie.
Il faudrait que j’illustre mes propos… Tiens prenons mes maris, par exemple. Mon premier mari était un homme charismatique qui aimait le pouvoir. Son illusion était de croire que les gens n’étaient pas dignes de confiance et qu’il lui était nécessaire de tout diriger et tout vérifier. Son obsession était de contrôler. (…) Et quand, par manque de confiance, on veut tout contrôler, eh bien, on ne contrôle rien : contrôle ta femme, elle te trompera. Contrôle tes enfants, ils se rebelleront. Contrôle ton peuple, il fera la révolution.
Mon deuxième mari, son illusion était de se croire plus intelligent que tout le monde. ça lui donnait une attitude un peu condescendante, (…) je ne parle même pas de son mépris pour les réactions émotionnelles… La croyance en la supériorité de son intelligence était une illusion. ce n’est pas parce qu’on est scotché dans le mental qu’on est plus intelligent. Notre cerveau comporte 3 couches, chacune est plus ou moins développée selon chacun d’entre nous : on a un cerveau archaïque hérité de nos ancêtres reptiliens, qui nous donne des réflexes primitifs de lutte pour la survie, de territorialité, d’agressivité. Ceux dont ce cerveau est plus développé sont doués pour agir et réagir. Ils ont en général le goût du pouvoir, de l’argent, du sexe… Le cerveau limbique, grâce auquel on ressent nos émotions et celles des autres, nous permet de développer notamment nos qualités relationnelles. Il est apparu avec l’arrivée des premiers mammifères qui devaient prendre soin de leurs petits, incapables de survivre sans le dévouement des adultes. Et enfin le néocortex, siège de ce qu’on pourrait appeler le mental : la pensée logique, la capacité de conceptualisation, etc. L’idéal est de trouver un équilibre entre ces trois cerveaux pour être aussi à l’aise dans l’action, l’émotion que dans la pensée abstraite. L’intelligence repose sur un usage équilibré des trois couches de notre cerveau. Mon deuxième mari avait des difficultés sur le plan émotionnel : il se connaissait peu et comprenait mal les autres. C’était quelqu’un qui n’écoutait jamais son cœur, ses envies, ne comprenait pas ses propres émotions. Les miennes, j’en parle même pas…
Mon troisième mari, lui, cherchait le bonheur dans son statut. Il courait après tout ce qui pouvait dorer son blason et lui donner de l’importance. : titres, tenues, voiture, maison, bons mots placés dans les conversations… Même ses relations étaient soigneusement choisies pour le valoriser. Rien ne venait de son cœur, tout était dicté par son besoin de reconnaissance. Je crois qu’il finissait par s’impressionner lui-même, sans être heureux pour autant : il en fallait toujours plus, comme s’il n’était jamais à la hauteur de l’image qu’il convoitait. Sans doute avait-il besoin de se rassurer, de compenser un manque d’estime de soi savamment caché…
[Source : « Le jour où j’ai appris à vivre » de Laurent Gounelle]