Lectures

Des textes à lire, des auteurs à découvrir


[Citation] Le temps
[Pensée] L’instant présent est la priorité

« Celui qui na pas de temps est un homme mort »

La vie passe par le temps qu’on lui accorde : pour découvrir le monde quand il s’offre à nous, partager avec l’autre nos joies et nos souffrance, et rester ouvert à la magie de l’instant… il faut avoir le temps. Celui qui n’a pas de temps ferme les yeux. Puisque le passé encombre et l’avenir angoisse, je vous souhaite que l’instant présent devienne votre priorité. Bonne année!


[Citation] L’appel de l’ange, G.Musso

Le vertige, c’est autre chose que la peur de tomber. C’est la voix du vide au-dessous de nous qui nous attire et nous envoûte, le désir de chute dont nous nous défendons ensuite avec effroi. [Milan Kundera]

La réussite n’est pas toujours une source d’épanouissement,
elle est souvent même le bénéfice secondaire d’une souffrance cachée. [Boris Cyrulnik]

“Les plus belles années d’une vie sont celles que l’on n’a pas encore vécues.” [Victor Hugo]

[L’appel de l’ange, Guillaume Musso]


[Extrait] Les enfants de la liberté, M.Lévy

Je lui ai demandé pourquoi il ne m’avait pas raconté tout cela plus tôt, pourquoi avoir attendu tout ce temps. Il a haussé les épaules.
– Qu’est-ce que tu voulais que je te dise ? (…) Beaucoup de copains sont tombés sous ces rails, nous avons tué. Plus tard, je veux juste que tu te souviennes que je suis ton père.
Et bien plus tard, j’ai compris qu’il avait voulu peupler mon enfance d’une autre que la sienne.

Sous cette terre de France, reposent les copains. Chaque fois qu’ici ou là j’entends quelqu’un exprimer ses idées au milieu d’un monde libre, je pense à eux. Alors je me souviens que le mot “Etranger” est une des plus belles promesses du monde, une promesse en couleurs, belle comme la Liberté.

[Les enfants de la liberté, Marc Levy]


[Extrait] Les enfants de la liberté, M.Lévy

– Garde tes forces, mon vieux.
– Pour en faire quoi ? Ce n’est plus qu’une question d’heures pour moi. Jeannot, il faudra un jour que tu racontes notre histoire. Il ne faut pas qu’elle disparaisse comme moi.
– Tais-toi, Samuel, tu dis des bêtises et je ne sais pas raconter les histoires.
– Ecoute-moi, Jeannot, si toi tu n’y arrives pas, alors tes enfants le feront à ta place, il faudra que tu leur demandes. Jure-le moi.
– Quels enfants ?
– Tu verras, poursuit Samuel dans un délire halluciné. Plus tard tu en auras, un , deux,  ou plus je ne sais pas, je n’ai plus vraiment le temps de compter. Alors il faudra que tu leur demandes quelque chose de ma part, que tu leur dises que cela compte beaucoup pour moi. C’est un peu comme s’ils tenaient une promesse que leur père aurait faite dans un passé qui n’existera plus. Parce que ce passé de guerre n’existera plus, tu verras. Tu leur diras de raconter notre histoire, dans leur monde libre. Que nous nous sommes battus pour eux. Tu leur apprendras que rien ne compte plus sur cette terre que cette putain de liberté capable de se soumettre au plus offrant. Tu leur diras aussi que cette grande salope aime l’amour des hommes, et que toujours elle échappera à ceux qui veulent l’emprisonner, qu’elle ira toujours donner la victoire à celui qui la respecte sans jamais espérer la garder dans son lit. Dis-leur Jeannot, dis-leur de raconter tout cela de ma part, avec leurs mots à eux, ceux de leur époque. Les miens ne sont faits que des accents de mon pays, du sang que j’ai dans la bouche et sur les mains.
– Arrête, Samuel, tu t’épuises pour rien.
– Jeannot, fais-moi cette promesse : jure-moi qu’un jour tu aimeras. J’aurais tant voulu pouvoir le faire, tant voulu pouvoir aimer. Promets-moi que tu porteras un enfant dans tes bras et que dans le premier regard de vie que tu lui donneras, dans ce regard de père, tu mettras un peu de ma liberté. Alors, si tu le fais, il restera quelque chose de moi sur cette foutue terre.

J’ai promis et Samuel est mort au lever du jour. Il a inspiré très fort, le sang a coulé de sa bouche, et puis j’ai vu sa mâchoire se crisper tant la douleur était violente. La plaie à son cou était devenue parme. Elle est restée ainsi. Je crois que sous la terre qui le recouvre, dans ce champ de la Haute-Marne, un peu de pourpre résiste au temps, et à l’absurdité des hommes.

[Les enfants de la liberté, Marc Levy]


[Extrait] Les enfants de la liberté, M.Lévy

Un matin, mon frère me réveilla.
– Viens, me dit-il en me tirant du lit.
Je le suivis à l’extérieur de la grange où Charles et les autres dormaient encore.
Nous avons marché ainsi, côte à côte, sans parler jusqu’à nous retrouver au milieu d’un grand champ de chaumes.
– Regarde, me dit Claude en me tenant la main.
Les colonnes de chars américains et ceux de la division Leclerc convergeaient au loin vers l’est. La France était libérée.

Jacques avait raison, le printemps était revenu… et j’ai senti la main de mon petit frère qui serrait la mienne. Dans ce champ de chaumes, mon petit frère et moi étions et resterions à jamais deux enfants de la liberté, égarés parmi soixante millions de morts.

[Les enfants de la liberté, Marc Levy]