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[Extrait] Toi et Moi, P.Géraldy
Méditation
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MÉDITATION

On aime d’abord par hasard,
Par jeu, par curiosité,
Pour avoir dans un regard
Lu des possibilités.

Et puis comme au fond soi-même
On s’aime beaucoup,
Si quelqu’un vous aime, on l’aime
Par conformité de goût.

On se rend grâce, on s’invite
A partager ses moindres maux.
On prend l’habitude, vite,
D’échanger de petits mots.

Quand on a longtemps dit les mêmes,
On les redit sans y penser.
Et alors, mon Dieu, l’on aime
Parce qu’on a commencé.

Toi et Moi – Paul Géraldy


[Extrait] Toi et Moi, P.Géraldy
Doute

DOUTE

Tu m’as dit : « Je pense à toi tout le jour. »
Mais tu penses moins à moi qu’à l’amour.
Tu m’as dit : « Mes yeux mouillés
qui ne peuvent t’oublier
restent longtemps éveillés
lorsque je me couche. »
Mais ton cœur est moins grisé qu’amusé.
Tu penses plus au baiser qu’à la bouche.
Tu ne te tourmentes point.
Tu sais, sans chercher plus loin,
Que nos joies sont les nôtres.
Mais l’amour est un besoin.
M’aimerais-tu beaucoup moins
Si j’étais un autre ?

Toi et Moi – Paul Géraldy


[Extrait] Ce crétin de prince charmant, A.Hochberg
Lettre d’une célibataire

“Nous sommes vendredi soir.

Il fait très beau et je viens de boire un verre avec Julien à la terrasse du Dôme. Je l’écoutais tranquillement me raconter ses vacances, quand soudain je l’ai vue. Une fille qui sortait du monoprix. Dans son sac en plastique transparent: une pizza individuelle, un paquet de gâteaus, un Coca light. C’est idiot, n’est ce pas, juste un petit sac de courses, mais la vision de sa solitude m’a submergée. J’ai eu très peur de lui ressembler, puis j’ai réaliser que je lui ressemblais déjà. Je n’ai rien dit à Julien qui partait dîner, j’ai acheté à manger pour deux et je suis rentrée. J’ai appelé plusieurs amis, mais personne n’était libre.

Je repense à Igor, le seul avec qui j’ai cru être à ma place. J’ai toujours dit qu’on était heureux et, que je n’avais pas compris notre rupture ; mais à la fin je disais “je t’aime” que pour déguiser ma solitude. C’est affreux de se toucher quand on réalise que même nos mains n’ont plus d’affinités. J’aurais dû risquer la vérité, mais je n’ai pas su. Je me suis accrochée à ses aumônes, puis à celles des autres et, je déteste ce que je suis devenue.

Quand j’étais petite, j’ai entendu un jour que vivre, c’était donner et recevoir. Et je ne fais ni l’un ni l’autre. Mes jours ressemblent de plus en plus à de lourds moments de conscience entre des nuits agitées. Tout ça est confus sans doute. Je cherche mes mots pour t’exprimer ce que je ressens mais je n’y arrive pas. Les mots ont du temps, pas moi. Plus le temps d’attendre qu’il se passe quelque chose. Enfin, demain ça ira mieux et, j’oublierai tout ça.

Ambre”

Extrait du livre “Ce crétin de prince charmant” Agathe Hochberg

Pour info, cet extrait n’est pas révélateur de l’ambiance du livre, beaucoup plus léger et amusant. L’histoire : il s’agit d’une correspondance par mail entre deux amies trentenaires, plutôt drôle en général.