Notre monde court à la catastrophe – Extraits


“Montesquieu l’exprime mieux que moi : tous les gouvernants qui jouent avec les peuples au jeu de la puissance, qu’elle soit guerrière, financière ou économique, sont des criminels.”

“J’espère que la société ne sera pas seulement durable, mais qu’elle sera un peu plus juste. Il est certain que les événements actuels sont une formidable occasion de changer pas mal de réactions en profondeur. Ce n’est pas une crise économique, c’est beaucoup plus : la façon de vivre les uns avec les autres est remise en question. Il suffit, par exemple, de s’interroger sur le concept de valeur, à la base du raisonnement de tous les économistes, dont on s’aperçoit qu’il n’est même pas définissable. Cette mutation peut provoquer un détricotage de l’essentiel de notre société. Des concepts comme celui de propriété devront non pas disparaître, mais être radicalement repensés.”

“Il suffit de poser la question : “A qui appartiennent les richesses dont nous fait cadeau la nature ?” pour que la réponse s’impose : “A tous les humains, y compris ceux encore à naître.”

Un peuple, une nation, peut jouer un rôle important, indépendamment de sa force. Il s’agit désormais de raisonner en parlant de rayonnement, d’ouverture, de coopération.

“Mettons-nous d’accord sur l’objectif du système scolaire : produire des citoyens ayant appris, comme on dit, les “fondamentaux” – l’écriture, la lecture et le calcul – leur permettant d’être utilisables dans le système économique ? Ou bien développer la compréhension, la capacité à collaborer avec les autres, réalisant peu à peu une personnalité autonome ? La compétition a pour but de désigner un gagnant au moyen d’un palmarès dont personne ne connaît la signification. L’important, c’est la capacité à confronter sa propre opinion à celle de l’autre, à mieux comprendre grâce aux discussions avec l’autre. Non pas avec l’envie de le dominer, mais avec l’envie de partager. “

Chaque humain peut participer à la définition de son devenir personnel, facile à dire…
… et surtout bien difficile à réaliser. Peut-être même, pour certains, impossible. Mais cela fait partie de notre utopie : mettre en place des rapports entre les humains compatibles avec cet objectif individuel. Une vie humaine n’a de contenu spécifique que si elle dispose d’une marge d’autoconstruction. C’est pourquoi il faut revoir en profondeur le moteur même de la vie sociale. Or, actuellement, ce moteur est presque exclusivement celui de la lutte des uns contre les autres. Montrer qu’une structure sociale basée sur la coopération, pour ne pas dire l’amour du prochain, est une nécessité. Aucune loi de la nature n’oblige à généraliser la lutte contre les autres. Chacun a besoin pour devenir lui-même d’un échange avec les autres.

“Devenir soi nécessite un détour par les autres.”

 [ALBERT JACQUARD : «NOTRE MONDE COURT À LA CATASTROPHE»]

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