[Extrait] Ulysse from Bagdad, EE.Schmitt
Voyage clandestin entre espoir et tristesse


[Lecture] Ulysse from Bagdad. L’histoire d’un irakien qui quitte son pays pour rejoindre l’Angleterre. L’histoire d’un jeune homme porté par l’espoir, mais lesté par les atrocités humaines : guerre, clandestinité. Eric-Emmanuel Schmitt nous conte avec beaucoup de poésie un voyage tourmenté. Extraits.

– Papa, autrefois je me reprochais de changer souvent d’idées ; aujourd’hui je me rends compte que c’est inévitable.
– Tu as raison, mon fils. Le plus difficile dans une discussion, ce n’est pas de défendre une opinion, c’est d’en avoir une.
– Et une seule !
– Oui car nous avons tous plusieurs personnes en nous. Seule l’imbécile croit qu’il est l’unique occupant de sa maison.
– Comment s’y prend-il ?
– Il a bâillonné plusieurs parts de lui et les a verrouillées dans des placards. Du coup, il pérore clairement, d’une voix singulière.
– C’est enviable, non ?
– C’est toujours enviable d’être un crétin. (…) Oui, fils, nous souhaitons débiter un discours simple, ferme, définitif, qui nous persuaderait de servir la vérité en tranches. Or plus l’on progresse en intelligence, plus on perd cette ambition ; on dévoile ses complexités, on assume ses tensions.

~ Le passé n’est pas un pays qu’on laisse facilement derrière soi. ~

L’homme lutte contre la peur mais, contrairement à ce qu’on répète toujours, cette peur n’est pas celle de la mort, car la peur de la mort, tout le monde ne l’éprouve pas, certains n’ayant aucune imagination, d’autres se croyant immortels, d’autres encore espérant des rencontres merveilleuses après leur trépas ; la seule peur universelle, la peur unique, celle qui conduit toutes nos pensées, c’est la peur de n’être rien.

~ Le bonheur qu’on attend gâche parfois celui qu’on vit. ~

Le problème des hommes, c’est qu’ils ne savent s’entendre entre eux que ligués contre d’autres. C’est l’ennemi qui les unis. (…) Il faut toujours qu’il y ait des exclus.

Soit l’humanisme est à la mesure du monde, soit il ne l’est pas. Un véritable humaniste ne reconnaît pas les frontières.

C’est ça les français : ils croient te tenir un langage très rationnel alors qu’en réalité ils sont débordés par leurs sentiments.

[Ulysse from Bagdad, Eric-Emmanuel Schmitt]

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