[Citation] L’habit ne fait pas le moine
“Ce costume que tu es tout fier de mettre… ça te donne l’air d’un pendu :
tiré à quatre épingles, mais mort dedans.”
[La nuit au Musée]
“Ce costume que tu es tout fier de mettre… ça te donne l’air d’un pendu :
tiré à quatre épingles, mais mort dedans.”
[La nuit au Musée]
Une oeuvre signée Disney, empreinte de poésie, dans l’univers surréaliste de Salvador Dali.
Le vertige, c’est autre chose que la peur de tomber. C’est la voix du vide au-dessous de nous qui nous attire et nous envoûte, le désir de chute dont nous nous défendons ensuite avec effroi. [Milan Kundera]
La réussite n’est pas toujours une source d’épanouissement,
elle est souvent même le bénéfice secondaire d’une souffrance cachée. [Boris Cyrulnik]
“Les plus belles années d’une vie sont celles que l’on n’a pas encore vécues.” [Victor Hugo]
[L’appel de l’ange, Guillaume Musso]
Je lui ai demandé pourquoi il ne m’avait pas raconté tout cela plus tôt, pourquoi avoir attendu tout ce temps. Il a haussé les épaules.
– Qu’est-ce que tu voulais que je te dise ? (…) Beaucoup de copains sont tombés sous ces rails, nous avons tué. Plus tard, je veux juste que tu te souviennes que je suis ton père.
Et bien plus tard, j’ai compris qu’il avait voulu peupler mon enfance d’une autre que la sienne.
Sous cette terre de France, reposent les copains. Chaque fois qu’ici ou là j’entends quelqu’un exprimer ses idées au milieu d’un monde libre, je pense à eux. Alors je me souviens que le mot “Etranger” est une des plus belles promesses du monde, une promesse en couleurs, belle comme la Liberté.
[Les enfants de la liberté, Marc Levy]
– Garde tes forces, mon vieux.
– Pour en faire quoi ? Ce n’est plus qu’une question d’heures pour moi. Jeannot, il faudra un jour que tu racontes notre histoire. Il ne faut pas qu’elle disparaisse comme moi.
– Tais-toi, Samuel, tu dis des bêtises et je ne sais pas raconter les histoires.
– Ecoute-moi, Jeannot, si toi tu n’y arrives pas, alors tes enfants le feront à ta place, il faudra que tu leur demandes. Jure-le moi.
– Quels enfants ?
– Tu verras, poursuit Samuel dans un délire halluciné. Plus tard tu en auras, un , deux, ou plus je ne sais pas, je n’ai plus vraiment le temps de compter. Alors il faudra que tu leur demandes quelque chose de ma part, que tu leur dises que cela compte beaucoup pour moi. C’est un peu comme s’ils tenaient une promesse que leur père aurait faite dans un passé qui n’existera plus. Parce que ce passé de guerre n’existera plus, tu verras. Tu leur diras de raconter notre histoire, dans leur monde libre. Que nous nous sommes battus pour eux. Tu leur apprendras que rien ne compte plus sur cette terre que cette putain de liberté capable de se soumettre au plus offrant. Tu leur diras aussi que cette grande salope aime l’amour des hommes, et que toujours elle échappera à ceux qui veulent l’emprisonner, qu’elle ira toujours donner la victoire à celui qui la respecte sans jamais espérer la garder dans son lit. Dis-leur Jeannot, dis-leur de raconter tout cela de ma part, avec leurs mots à eux, ceux de leur époque. Les miens ne sont faits que des accents de mon pays, du sang que j’ai dans la bouche et sur les mains.
– Arrête, Samuel, tu t’épuises pour rien.
– Jeannot, fais-moi cette promesse : jure-moi qu’un jour tu aimeras. J’aurais tant voulu pouvoir le faire, tant voulu pouvoir aimer. Promets-moi que tu porteras un enfant dans tes bras et que dans le premier regard de vie que tu lui donneras, dans ce regard de père, tu mettras un peu de ma liberté. Alors, si tu le fais, il restera quelque chose de moi sur cette foutue terre.
J’ai promis et Samuel est mort au lever du jour. Il a inspiré très fort, le sang a coulé de sa bouche, et puis j’ai vu sa mâchoire se crisper tant la douleur était violente. La plaie à son cou était devenue parme. Elle est restée ainsi. Je crois que sous la terre qui le recouvre, dans ce champ de la Haute-Marne, un peu de pourpre résiste au temps, et à l’absurdité des hommes.
[Les enfants de la liberté, Marc Levy]
Un matin, mon frère me réveilla.
– Viens, me dit-il en me tirant du lit.
Je le suivis à l’extérieur de la grange où Charles et les autres dormaient encore.
Nous avons marché ainsi, côte à côte, sans parler jusqu’à nous retrouver au milieu d’un grand champ de chaumes.
– Regarde, me dit Claude en me tenant la main.
Les colonnes de chars américains et ceux de la division Leclerc convergeaient au loin vers l’est. La France était libérée.
Jacques avait raison, le printemps était revenu… et j’ai senti la main de mon petit frère qui serrait la mienne. Dans ce champ de chaumes, mon petit frère et moi étions et resterions à jamais deux enfants de la liberté, égarés parmi soixante millions de morts.
[Les enfants de la liberté, Marc Levy]
– Cela pose un problème que…?
– Que tu ne sois pas juif ? Pas le moins du monde, dit maman en riant. Ni mon mari ni moi n’accordons d’importance à la différence de l’autre. Bien au contraire, nous avons toujours pensé qu’elle était passionnante et source de multiples bonheurs. Le plus important, quand on veut vivre à deux toute une vie, est d’être sûr que l’on ne s’ennuiera pas ensemble. L’ennui dans un couple, c’est ce qu’il y a de pire, c’est lui qui tue l’amour. Tant que tu feras rire Alice, tant que tu lui donneras l’envie de te retrouver, alors que tu viens à peine de la quitter pour aller travailler, tant que tu seras celui dont elle partage les confidences et à qui elle aime aussi se confier, tant que tu vivras tes rêves avec elle, même ceux que tu ne pourras pas réaliser, alors je suis certaine que quelles que soient tes origines, la seule chose qui sera étrangère à votre couple sera le monde et ses jaloux.
Maman prend Georges dans ses bras et l’accueille dans la famille.
– Allez, file rejoindre Alice, dit-elle, presque la larme à l’oeil. Elle va détester que sa mère retienne son fiancé en otage. Et si elle apprend que j’ai prononcé le mot fiancé, elle me tue !
Alors qu’il s’éloigne vers la salle à manger, Georges se retourne et demande à maman au seuil de la cuisine comment elle a deviné qu’il n’était pas juif.
– Ah s’exclame maman en souriant. Voilà vingt ans que mon mari récite tous les vendredis soir une prière dans une langue qu’il invente. Il n’a jamais su un mot d’hébreu ! Mais il est très attaché à ce moment où, chaque semaine, il prend la parole en famille. C’est comme une tradition qu’il perpétue en dépit de son ignorance. Et même si ses mots n’ont aucun sens, je sais que ce sont quand même des prières d’amour qu’il formule et invente pour nous. Aussi, tu te doutes bien que lorsque je t’ai entendu tout à l’heure répéter presque à l’identique son charabia, je n’ai pas eu de mal à comprendre… Que tout cela reste entre toi et moi. Mon mari est convaincu que personne ne se doute de son petit arrangement avec Dieu, mais je l’aime depuis tant d’années que son Dieu et moi n’avons plus aucun secret.
A peine de retour dans la salle à manger, Georges se voit entraîner à l’écart par notre père.
– Merci pour tout à l’heure, grommelle papa.
– De quoi ? demande Georges.
– Eh bien de ne pas avoir vendu la mèche. C’est très généreux de ta part. J’imagine que tu dois mal me juger. Ce n’est pas que je prenne un plaisir quelconque à entretenir ce mensonge ; mais depuis vingt ans… comment leur dire maintenant ? Oui, je ne parle pas hébreu, c’est vrai. Mais célébrer le sabbat c’est pour moi entretenir la tradition et la tradition c’est important, tu comprends ?
– Je ne suis pas juif, monsieur, répond Georges. Tout à l’heure, je me suis contenté de répéter vos mots sans avoir aucune idée de leur sens, et c’est moi qui voulais vous remercier de ne pas avoir vendu la mèche. (…)
– Bon, écoute-moi, je te propose que notre petite affaire reste strictement entre nous. Moi je dis le sabbat et toi, tu es juif !
– Tout à fait d’accord, répond Georges.
Le dîner achevé, Alice raccompagne Georges jusqu’à la rue, attend qu’ils soient à l’abri de la porte cochère et prend son fiancé dans ses bras.
– ça s’est vraiment bien passé, et puis chapeau, tu t’es débrouillé comme un chef. Je ne sais pas comment tu as fait, mais papa n’a rien vu, il est à mille lieues de se douter que tu n’es pas juif.
– Oui, je crois qu’on s’en est bien sortis, sourit Georges en s’éloignant.
[Les enfants de la liberté, Marc Levy]