[Extrait] La valeur du temps en question, JL.Chambon


Scott Stratten is a Motivational Speaker and,
Creator of The Time Movie

Une question nouvelle s’impose et nous taraude, celle du rapport au temps et celle de sa valeur. Il y a, nous dit Gilles Finkelstein dans son dernier et remarquable ouvrage (référence), « une nouvelle forme de dictature, celle de l’urgence ».

Contrairement à l’image que les financiers ont voulu en donner, l’homme ne peut pas oublier le temps et sa valeur. Le temps reste le bien le plus précieux qu’il possède, car « il ne se rattrape jamais ». Si le temps c’est de l’argent, sa valeur s’altère avec le culte de l’immédiateté et précisément avec l’obsession de « gagner du temps »…

L’immédiateté, ou comment sacrifier le long terme.

On peut faire remonter cette accélération illusoire du temps aux années 1980. Pour Finkelstein encore, « la socialisation du temps n’est plus dans l’avenir mais dans l’immédiateté. (…) Le pire serait que ce culte du « va-vite » soit payé par nos descendants en sacrifiant le long terme au court terme. L’homme crée son temps en fonction de ses croyances et de ce qu’il est capable d’imaginer ; s’il croit que le futur dépend de son action, sa vie se construira avec cette image. »

Acheter du temps… mais toujours en remboursant à la fin

On a cru pouvoir « acheter du temps », comme l’ont tenté les États occidentaux avec leurs dettes rapidement devenues insoutenables, ou la classe politique avec son luxe de promesses. Une nouvelle fois, on vérifie qu’on peut – certes – acheter le temps, mais toujours en remboursant à la fin, et souvent dans la douleur, intérêts et principal.

Le défi du nouveau millénaire : nous réapproprier le temps

Le défi du nouveau millénaire serait de réinventer le temps pour ne plus le perdre. Il faut pour cela volonté et lucidité sur ce que nous voulons. Il faut savoir se ménager des espaces de respiration dans nos emplois du temps privés et professionnels ; se réserver des rendez-vous avec soi-même aussi sérieusement et ponctuellement qu’on le ferait avec un ami ou un client. En donnant, selon l’expression devenue courante, « du temps au temps », nous retrouvons sa vraie valeur. Le temps qui reste n’a pas de prix et pourtant sa valeur est inestimable, la promesse d’un regard neuf sur notre futur, plus que jamais celui des incertitudes.

[Extrait de La valeur du temps en question, Jean-Louis CHAMBON]

La profondeur des échanges avec soi et avec l’autre n’existe plus

“Dans cette dimension oû le temps parait souvent comme une contrainte, créer un espace temps pour soi pour se poser devient le luxe suprême. Se livrer à des activités apparemment improductives comme la méditation, la lecture ou l’écriture deviennent des oasis de prise de recul. Dans la sphère relationnelle, prendre le temps d’échanger devient presque un luxe. Le paradoxe moderne est peut-être de penser qu’il n’y a jamais eu autant d’outils de communication (internet, MSN, réseaux sociaux) et que nous communiquons peut-être de moins en moins bien. A la verticalité, à la profondeur et à la qualité des relations, nous préférons souvent l’horizontalité, la quantité des échanges et les relations zapping. Comme si la relation verticale à l’autre, l’échange d’émotions, la rencontre des mondes intérieurs nous faisaient peur.”

La work addiction pour contrer la peur du temps qui passe

“Le modèle que l’on trouve souvent en métropole est de tromper la peur du temps qui passe en se jetant corps et âme dans l’action, ce que l’on nomme aussi la work addiction ou la dépendance du travail. Ce modèle est d’autant plus pernicieux qu’il est très souvent socialement valorisé. Avec ce modèle, le collaborateur est pris dans un tourbillon et changement permanents. Naturellement, à ce jeu, seuls les jeunes résistent. Le taux d’inactivité des seniors particulièrement élevé en métropole en est certainement le symptôme.”

Apprivoiser le temps

“Le temps donne la mesure de toute chose et plutôt que de devenir l’otage du temps, il est peut être plus profitable d’apprendre à l’apprivoiser.” Comme dit le proverbe chinois : «Ne vous inquiétez pas d’avancer lentement. Inquiétez-vous seulement si vous êtes arrêtés ».

[Eloge de la lenteur, Alain DUSART]

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