Lectures

Des textes à lire, des auteurs à découvrir


[Extrait] Les enfants de la liberté, M.Lévy
Résister

J’aime bien ce verbe “résister”.

Résister, à ce qui nous emprisonne, aux préjugés, aux jugements hâtifs, à l’envie de juger, à tout ce qui est mauvais en nous et ne demande qu’à s’exprimer, à l’envie d’abandonner, au besoin de se faire plaindre, au besoin de parler de soi au détriment de l’autre, aux modes, aux ambitions malsaines, au désarroi ambiant.

Résister, et… sourire.”
Emma  Dancourt

[Les enfants de la liberté, Marc Lévy]


[Extrait] Les enfants de la liberté, M.Lévy
Rien n’a changé

“Je me doute bien que ma pensée est confuse, que les mots se bousculent dans ma tête, mais à partir de ce lundi midi et pendant deux ans, sans cesse mon coeur va battre dans ma poitrine au rythme que lui impose la peur ; j’ai eu peur pendant deux ans, je me réveille encore parfois la nuit avec cette foutue sensation. (…) Alors voilà un petit bout de l’histoire de Charles, Claude, Alonso, Catherine, Sophie, Rosine, Marc, Emilie, Robert, mes copains, espagnols, italiens, polonais, hongrois, roumains, les enfants de la liberté.

“Et puisque la population se préparait à l’acclamer, ce Maréchal, il fallait sonner notre tocsin, réveiller les gens de cette peur si dangereuse, celle qui gagne les foules et les conduit à baisser les bras, à accepter n’importe quoi ; à se taire avec pour seule excuse à la lâcheté que le voisin fait de même et que si le voisin fait de même, c’est donc ainsi qu’il faut faire.”

“Tu vois, dans cette France triste, il y avait non seulement des concierges et des logeuses formidables, mais aussi des mères généreuses, des voyageurs épatants, des gens anonymes qui résistaient à leur manière, des gens anonymes qui refusaient de faire comme le voisin, des gens anonymes qui dérogeaient aux règles puisqu’elles étaient indignes.”

[Les enfants de la liberté, Marc Lévy]


[Extrait] La sorcière de Portobello, P.Coelho
Jung, les 4 étapes du progrès individuel
1

Tout le monde cherche l’idéal de la beauté, de la danse, de la divinité, de la musique. Cependant, la société se charge de définir comment ces idéaux vont se manifester au plan réel. (…) Il se passe la même chose pour le bonheur : il existe une série de règles que vous devez suivre, sinon votre conscient n’acceptera pas l’idée que vous êtes heureux.

Jung avait l’habitude de classer le progrès individuel en 4 étapes :

  • la première était la Persona – masque que nous portons tous les jours, imitant celui que nous sommes. Nous sommes convaincus que le monde dépend de nous, que nous sommes des parents parfaits et que nos enfants ne nous comprennent pas, que les patrons sont injustes, que le rêve de l’être humain est de ne jamais travailler et de passer sa vie à voyager. Beaucoup de gens se rendent compte que quelque chose ne va pas dans cette histoire : mais comme ils ne veulent rien changer, ils chassent rapidement le sujet de leur esprit. Quelques-uns veulent comprendre ce qui ne va pas, et ils finissent par rencontrer l’Ombre.
  • l’Ombre est notre côté noir, qui dicte la façon dont nous devons agir et nous comporter. Quand nous tentons de nous délivrer de la Persona, nous allumons une lumière en nous, et nous voyons les toiles d’araignée, la lâcheté, la mesquinerie. L’Ombre est là pour nous empêcher de progresser – et en général elle y parvient, nous nous dépêchons de redevenir ce que nous étions avant de douter. Cependant, certains survivent à cette confrontation violente avec leurs toiles d’araignée, en disant : “Certes, j’ai un tas de défauts, mais je suis digne, et je veux aller de l’avant.” A ce moment là, l’Ombre disparaît et nous entrons en contact avec l’Âme.
  • Par Âme, Jung ne définit rien de religieux ; il parle d’un retour à cette Âme du Monde, source de la connaissance. Les instincts se réveillent, les émotions sont radicales, les signes de la vie sont plus importants que la logique, la perception de la réalité n’est plus aussi rigide. Nous commençons à savoir nous y prendre avec des choses auxquelles nous ne sommes pas habitués, à réagir d’une façon pour nous inattendue.
  • Et nous découvrons que, si nous parvenons à canaliser ce jaillissement continu d’énergie, nous allons l’ordonner dans une centre très solide, que Jung appelle le Vieux sage pour les hommes, ou la Grande Mère pour les femmes.

[La sorcière de Portobello, Paulo Coelho]


[Extrait] La sorcière de Portobello, P.Coelho
Éveiller la passion

“Nous avons tous une capacité inconnue, qui restera inconnue à tout jamais, mais qui peut être notre alliée. Comme il est impossible de mesurer cette capacité ou de lui donner une valeur économique, elle n’est jamais prise en considération.”

“J’ai découvert que de nos jours pour motiver les employés, il fallait plus qu’une bonne formation dans nos centres extrêmement qualifiés. Nous avons tous en nous une part d’inconnu, qui, quand elle affleure, peut produire des miracles.
Nous travaillons tous en vue d’une fin : nourrir nos enfants, gagner de l’argent pour subvenir à nos besoins, donner une justification à notre vie, acquérir une parcelle de pouvoir. Mais il y a des étapes détestables dans ce parcours, et le secret consiste à transformer ces étapes en une rencontre avec soi-même, ou avec quelque chose de plus élevé.
Par exemple : la quête de la beauté n’est pas toujours associée à un objet concret, et pourtant nous la cherchons comme si c’était la chose la plus importante au monde. (…) Les oiseaux chantent, selon Darwin, parce que c’est le seul moyen pour attirer leur partenaire et perpétuer l’espèce. (…) Tous ceux qui parviennent à éveiller des passions répètent quelque chose qui se passe depuis l’âge des cavernes, où les rites de séduction étaient fondamentaux pour la survie et l’évolution de l’espèce. Alors, quelle différence y a-t-il entre l’évolution de l’espèce humaine et l’évolution d’une agence bancaire ? Aucune. Les deux obéissent aux mêmes lois – seuls les plus capables survivent et se développent. (…) Sherine a apporté sur son lieu de travail un nouveau type de comportement, c’est-à-dire la passion. Exactement, la passion, quelque chose que nous ne prenons jamais en considération quand nous traitons de prêts ou de relevés de dépenses. Les gens se sont mis à vivre différemment

“Ce que nous croyons “voir”, c’est une impulsion d’énergie dans une zone complètement obscure de notre tête. Nous pouvons donc essayer de modifier cette réalité, si nous entrons dans une harmonie commune. D’une manière qui m’échappe, la joie est contagieuse, comme l’enthousiasme et l’amour. Ou comme la tristesse, la dépression, la haine – qui peuvent être perçues “intuitivement” par les clients et par les autres agents. Pour améliorer l’activité, il faut créer des mécanismes qui retiennent ces stimuli positifs.”

[La sorcière de Portobello, Paulo Coelho]

 


[Extrait] La sorcière de Portobello, P.Coelho
L’homme donne beaucoup quand il s’offre lui-même

Il est bien de donner quand on est sollicité, mais il est mieux encore de pouvoir tout offrir à qui n’a rien demandé. Et est-il une chose qui se puisse refuser ? Tout ce que nous possédons sera donné un jour. Les arbres donnent afin de continuer à vivre, car retenir c’est mettre une fin à leur existence. Et le plus grand mérite ne revient pas à celui qui offre, mais à celui qui reçoit sans se sentir débiteur. L’homme donne peu quand il dispose que de biens matériels qu’il possède, mais il donne beaucoup quand il s’offre lui-même.”
Khalil Gibran

[La sorcière de Portobello, Paulo Coelho]


[Extrait] Ulysse from Bagdad, EE.Schmitt
Voyage clandestin entre espoir et tristesse

[Lecture] Ulysse from Bagdad. L’histoire d’un irakien qui quitte son pays pour rejoindre l’Angleterre. L’histoire d’un jeune homme porté par l’espoir, mais lesté par les atrocités humaines : guerre, clandestinité. Eric-Emmanuel Schmitt nous conte avec beaucoup de poésie un voyage tourmenté. Extraits.

– Papa, autrefois je me reprochais de changer souvent d’idées ; aujourd’hui je me rends compte que c’est inévitable.
– Tu as raison, mon fils. Le plus difficile dans une discussion, ce n’est pas de défendre une opinion, c’est d’en avoir une.
– Et une seule !
– Oui car nous avons tous plusieurs personnes en nous. Seule l’imbécile croit qu’il est l’unique occupant de sa maison.
– Comment s’y prend-il ?
– Il a bâillonné plusieurs parts de lui et les a verrouillées dans des placards. Du coup, il pérore clairement, d’une voix singulière.
– C’est enviable, non ?
– C’est toujours enviable d’être un crétin. (…) Oui, fils, nous souhaitons débiter un discours simple, ferme, définitif, qui nous persuaderait de servir la vérité en tranches. Or plus l’on progresse en intelligence, plus on perd cette ambition ; on dévoile ses complexités, on assume ses tensions.

(suite…)