Un matin, mon frère me réveilla.
– Viens, me dit-il en me tirant du lit.
Je le suivis à l’extérieur de la grange où Charles et les autres dormaient encore.
Nous avons marché ainsi, côte à côte, sans parler jusqu’à nous retrouver au milieu d’un grand champ de chaumes.
– Regarde, me dit Claude en me tenant la main.
Les colonnes de chars américains et ceux de la division Leclerc convergeaient au loin vers l’est. La France était libérée.
Jacques avait raison, le printemps était revenu… et j’ai senti la main de mon petit frère qui serrait la mienne. Dans ce champ de chaumes, mon petit frère et moi étions et resterions à jamais deux enfants de la liberté, égarés parmi soixante millions de morts.
[Les enfants de la liberté, Marc Levy]