Vocation & HPI – Interview Planète Douance


J’ai été sollicitée ce mois-ci pour le site Planète-Douance, sur la thématique “HP, entreprise et vocation professionnelle”. Voici l’interview audio, à découvrir ici et retranscrite ci-après.

Parcours pro.

– Cécile, vous avez un parcours atypique, malheureusement… ou heureusement.
– Malheureusement ou heureusement, c’est une question de point de vue. ça a été malheureux un certain temps et maintenant je vois le bon côté des choses.

– Vous êtes issu de quel type de formation ? quel parcours ?
– J’ai fait une école de commerce spécialisée en informatique : Telecom Ecole de Management. Ensuite j’ai voulu me diriger vers la communication car j’aimais l’aspect à la fois créatif et en même temps le côté écoute du client, répondre à son besoin, avec toute l’intelligence que ça suscite. Je me suis rendu compte assez vite qu’en agence, les métiers sont en silo, je n’avais pas la possibilité d’être à la fois créative, gestionnaire de projet et commerciale. Il aurait fallu que je choisisse, mais de toute façon, vu l’état du marché en 2008, c’était assez compliqué d’intégrer les agences. Aussi, j’ai rejoint une PME où j’ai eu la possibilité de déployer tous mes talents car j’étais la seule responsable au niveau de la communication. Après 2-3 ans dans cette entreprise, j’ai commencé à m’ennuyer donc je suis allé vers du conseil, ce qui m’a convenu au niveau dynamisme et diversité des centres d’intérêt, mais qui a été assez difficile en termes de rythme et de relationnel. C’est à partir de là que je suis devenue indépendante. Depuis un peu plus de 5 ans, je travaille en portage salarial, d’abord sur du digital car c’est ce que je connaissais le mieux, et depuis 2 ans sur de la formation et du coaching avec des partenaires.

Trouver sa vocation.

– Aujourd’hui nous allons parler de “trouver sa vocation”, ce qui relève souvent du challenge. Pour les hauts potentiels, qu’est-ce que ça veut dire ?
– Ayant expérimenté ce chemin là, je le connais assez bien ; et étant formée au coaching, je peux désormais rallier les problématiques du haut potentiel et les solutions aidantes proposées par le coaching.

Trouver sa vocation, c’est déjà prendre le temps de se connaître, ralentir, pour trouver ce qui fait sens pour soi, ce qui est une source de motivation. On va chercher dans ses passions, ce qui nous procure de la joie, dans son enfance – car parfois, en devenant adulte, on a mis un certain nombre de choses de côté, on est biaisé par son “faux-self” qui nous fait nous adapter plutôt que prendre soin de soi. L’idée c’est d’aller trouver une cohérence dans son vécu et ce qu’on aime. A partir de là, on a un point central qui fait sens à partir duquel on peut commencer à déterminer des objectifs, en termes de sens, d’activité mais aussi de mode de vie et d’environnement. Car trouver un métier, une vocation, ce n’est pas seulement trouver ce qu’on va faire, c’est aussi avec qui, dans quel environnement, à quel rythme. C’est un ensemble beaucoup plus large.

Pour les hauts potentiels, ce qui entre en jeu, c’est :

  • le dynamisme de l’activité pour être en capacité d’utiliser l’intelligence et d’exprimer la créativité
  • les valeurs : le relationnel, l’empathie, la possibilité de travailler en restant authentique. Vivre en fonction de ses valeurs est ce qui nourrit un sentiment d’accomplissement.
  • ses besoins, ses ressources.
    • S’aimer tel qu’on est : avec ses forces et ses… je n’appelle pas ça faiblesse, mais ce qui nous caractérise qui peut être confrontant pour les gens différents. Il s’agit d’en être conscient pour en faire une force plus qu’une difficulté. Par exemple, l’hypersensibilité / hyperémotivité peut être difficile à faire valoir en entreprise, à moins de la mettre au cœur de son métier : dans le coaching et la formation, ça devient vraiment une force, ça l’est aussi pour l’aspect créatif de la communication, ça l’est moins dans le conseil quand il s’agit d’être un sur-homme. L’idée c’est vraiment d’arriver à jongler avec toutes nos compétences, qui sont des forces dans certains milieux et pas forcément dans d’autres.
    • S’aimer dans son humanité : se donner le droit d’essayer, le droit à l’erreur, se respecter, s’aimer malgré tout, respecter son rythme entre rêverie, besoin d’espace mental pour toutes les questions qu’on se pose, toutes les envies qu’on a, et le besoin d’activité pour créer, résoudre des problèmes, apprendre de nouvelles choses. On a quand même le besoin de nourrir son cerveau en permanence, et selon les postes ce n’est pas toujours possible. Il s’agit de trouver un espace où il est possible de le faire.
    • Savoir dire non, pour ne pas se laisser envahir par toutes les émotions et besoins des autres.
  • le respect de ses valeurs, ses ressources, ses besoins sont le socle de l’estime de soi.
  • dépasser ses limites. Ce qui a tendance à nous miner, c’est le perfectionnisme, l’hyper lucidité, l’hyper conscience. L’idée c’est d’arriver à apprivoiser cette différence, à s’autoriser l’imperfection, à lâcher prise. L’astuce : prendre conscience de ce qu’on se fait subir soi-même et transformer son langage intérieur pour devenir son meilleur ami. Se parler avec respect, amitié, valider ses réussites – quitte à faire un journal de bord de ce qu’on a déjà réussi à faire – se valoriser en termes d’image de soi, cultiver l’amour de soi.
  • s’autoriser la richesse qu’on a : son multi-potentiel.
    • J’ai l’exemple d’une amie qui a cherché sa vocation pendant un moment et qui, suite à un coaching, a découvert qu’elle avait le DROIT de faire plusieurs activités. Elle voulait à la fois être peintre, mettre la cuisine au cœur de son activité et être thérapeute. Donc elle est devenue art-thérapeute, elle donne des cours de cuisine et elle expose dans une galerie.
    • Dans une société où tout est mis en silo, on ne se rend pas compte qu’il est possible d’être transverse. Puisqu’on ne rentre pas forcément dans les cases que d’autres ont construites, ça nécessite de créer la sienne, quitte à créer son propre métier, sa propre structure, ou en tout cas, affirmer ses envies vis-à-vis des autres -même en entreprise : les petites structures ont besoin de cette richesse. Il s’agit d’être conscient qu’on est tout ça pour pouvoir l’exprimer aux autres.
  • l’aspect émotionnel à gérer. Le coaching peut aider, car les émotions sont basées sur l’accumulation d’un vécu, qu’il va falloir décharger à un moment donné. Il y a aussi tout ce qui concerne l’anticipation, en termes de peurs et de contraintes qu’on se fixe à nous-même, qui sont des croyances dont on peut prendre conscience grâce à une personne extérieure à nous même qui va mettre le doigt dessus et nous aider à trouver des solutions. Il ne s’agit de fermer les yeux, mais au contraire, d’accepter ses émotions pour en faire des alliées et une force.
  • expérimenter. Une fois qu’on est fort de cette connaissance de soi, qu’on est prêt à dépasser ses limites, c’est le moment d’aller expérimenter, car c’est l’expérimentation qui nous confronte à la réalité, et qui nous fait sortir du conceptuel. L’expérimentation va permettre :
    • d’apprendre, d’acquérir de nouvelles ressources, de nouvelles expériences,
    • d’exprimer une plus grande diversité de comportements,
    • de mieux s’adapter aux situations qu’on rencontre, car à chaque expérience on peut tirer des leçons pour que la suivante se passe encore mieux,
    • de se défaire des sensations d’inconfort, car tout ce qui est peur – de soi, du rejet, de l’isolement – se dépasse en allant vers les autres et en étant capable de s’affirmer
    • d’ancrer en soi les transformations bénéfiques rencontrées au fur et à mesure
    • et d’atteindre, étape par étape, les objectifs vers la vie qui nous convient.

HPI & entreprise.

– Les difficultés dans le monde de l’entreprise sont-elles une réalité pour les HP ?
– Je ne peux parler que de mon expérience et de quelques HP avec qui j’ai échangé autour de moi.

C’est vrai que nous avons un fonctionnement différent de celui de l’entreprise telle qu’elle est construite actuellement : tout est organisé en silo, les cases qui sont créées ne nous conviennent pas forcément, le système est hiérarchique avec un management parfois plus dans l’autorité que dans le sens, alors que les HPI ont un fort besoin de sens, ce qui peut créer des confrontations.

La confrontation se joue aussi sur les valeurs, car dans l’entreprise, il y a des enjeux politiques et de pouvoir, qui ne reconnaissent pas forcément le travail et les relations humaines. Il y a également des enjeux d’image. L’entreprise nous confronte à nos valeurs, à notre rythme (les notions de productivité y sont très fortes), à notre manque de confiance et notre sentiment d’illégitimité.

Donc oui, ce sont des structures qui ne sont pas toujours adaptées à l’environnement qu’on rechercherait et aux valeurs qui nous portent. Ce n’est évidement pas le cas de toutes les entreprises, mais c’est un chemin d’arriver à trouver l’espace qui nous convienne au-delà du poste. Car s’il nous est possible de nous épanouir dans un poste varié, si les relations humaines autour sont difficiles, politisées, ou si on n’a pas l’espace nécessaire pour se développer, aller de l’avant, ça peut devenir difficile.

– Donc c’est une expérience à la fois théorique mais aussi de terrain que vous semblez posséder.
– Oui, en effet, de part et mon expérience et le fait que je suis coach, j’ai cette vision globale de ce que peut être les difficultés du haut potentiel en entreprise et surtout comment s’en sortir.
– Société idéale pour le HP, quelle pourrait-elle être ?
– De ce que j’ai pu voir, pour ceux qui parviennent à s’épanouir : ils ont en général trouvé un espace qui leur convient en créant leur activité ou leur entreprise. Sachant que créer son activité, n’est pas forcément créer sa structure, ça peut être en interne ou en portage salarial avec des partenaires. Ils arrivent alors à déployer leur intelligence et leur créativité et c’est là  que le potentiel est exprimé et l’épanouissement présent.

Choisir un coach.

– Un dernier mot pour les HP en recherche de coach ? Comment choisir un coach ?
– Ce qu’il faut savoir du coaching, c’est que la réglementation n’est pas terminée. Certaines écoles sont accréditées et certifiantes, d’autres ne le sont pas. Tout le monde peut se déclarer coach, mais vérifier qu’il est certifié peut être un plus ; pour cela, il y a des fédérations, des annuaires. On peut également se fier au bouche à oreille, si une personne se fait coacher, et donne un bon retour, en général c’est positif. Il ne faut pas oublier que le coaching est un accompagnement, qui part de la personne, ce n’est pas du conseil, si le professionnel rencontré nous parait envahissant ce n’est pas normal, il est là pour nous aider à trouver nous-même nos ressources et nos solutions. L’idéal est d’en essayer plusieurs pour trouver la personne avec qui on se sent bien.
– En conclusion, comment vous contacter ?
– Sur mon site : www.cilclavier.eu ou au 07 55 62 50 50
– Je vous remercie beaucoup.
– Merci à vous.

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