Archives du jour : 16 mai 2012


[Extrait] Les enfants de la liberté, M.Lévy

Nous ne sommes pas que quelques compagnons de la MOI* ou des FTP* à partager l’espace de la cellule. Il faut aussi cohabiter avec les puces, les punaises et la gale qui nous rongent. (…) Jacques n’est déjà plus le même. Dès son réveil, il fait les cent pas, silencieux. Lui aussi compte ces heures perdues, foutues à tout jamais. Peut être pense-t-il aussi à une femme, au-dehors. Le manque de l’autre est un abîme ; parfois, la nuit, sa main se lève et tente de retenir l’impossible, la caresse qui n’est plus, la mémoire d’une peau dont la saveur a disparu, un regard où la complicité vivait en paix. (…)  C’est en le regardant muré dans son désespoir, ici même, au milieu de cet univers sordide, que j’ai pourtant vu l’une des plus justes beautés de notre monde : un homme peut se résoudre à l’idée de perdre sa vie, mais pas à l’absence de ceux qu’il aime. (…) Ici, nous sommes au fond du monde, dans un espace obscur et exigu ; un territoire où seule la maladie règne en maître. Mais au milieu de ce terrier infâme, au plus noir de l’abîme, réside encore une infime parcelle de lumière, elle est comme un murmure. Les espagnols qui occupent les cellules voisines l’appellent parfois le soir en la chantant, ils l’ont baptisée Esperanza.

(*) MOI : Main-d’oeuvre immigrée, FTP : Francs-tireurs et partisans

[Les enfants de la liberté, Marc Levy]


[Extrait] Les enfants de la liberté, M.Lévy

Une fois, une femme est venue ici. C’est Robert qui m’avait demandé de l’héberger. Elle avait dix ans de plus que moi, elle était malade et venait se reposer. J’ai dit que je n’étais pas médecin, mais j’ai accepté. Il n’y a qu’une chambre là-haut, alors qu’est-ce que tu voulais que je fasse ? Nous avons partagé le lit ; elle d’un côté, moi de l’autre, l’oreiller au milieu. Elle a passé deux semaines dans ma maison, nous rigolions tout le temps, on se racontait des tas de choses et je m’étais habitué à sa présence. Un jour, elle était guérie, alors elle est repartie. Je n’ai rien demandé, mais j’ai dû me réhabituer à vivre dans le silence. La nuit, quand le vent soufflait, on l’écoutait à deux. Seul, il ne fait plus la même musique.

Elle a frappé à ma porte deux semaine plus tard et m’a dit qu’elle voulait rester avec moi. (…) J’ai dit que c’était mieux pour nous qu’elle retourne auprès de son mari… De quelle fille de la brigade es-tu tombé amoureux ? Jeannot, je sais combien la solitude pèse, mais c’est le prix à payer quand on est dans la clandestinité.

Tu sais, Jeannot, cette amie dont je t’ai parlé tout à l’heure, elle m’a donné cette chance formidable ; elle m’a laissé l’aimer. Ce n’était que quelques jours, mais avec la tête que j’ai, c’était déjà un beau cadeau. Maintenant, il me suffit de penser à elle pour trouver un peu de bonheur. Tu devrais rentrer, la nuit tombe tôt en ce moment.

[Les enfants de la liberté, Marc Levy]


Statue d’Obama : l’information sous différents angles

Pour démontrer qu’une information peut être perçue de différentes manières en fonction du point de vue qu’on adopte, Mercado Magazine et l’agence JWT Buenos Aires ont installé cette surprenante statue d’Obama. L’idée : promouvoir le positionnement et la valeur ajoutée de l’hebdomadaire économique argentin, qui décrypte l’actualité économique et politique et permet d’obtenir un nouvel angle de vue sur une information.

[Source : paperplane]