Critique : “La Tristesse du Samouraï”, V.Del Arbol


Dans la Tristesse du Samouraï, Victor Del Arbol nous entraîne dans les vies entremêlées de trois familles, et nous fait vivre sur deux générations leurs intrigues terrifiantes. Au cœur de l’Espagne de Franco, puis dans celle des années 80, il nous dépeint quatre décennies de fureur, de vengeance et de haine. Depuis les atrocités commises par les partisans du Généralissime, au nom de leur foi ou de leur ambition, jusqu’aux crimes vindicatifs de leurs descendants, il nous retrace les destins inextricables de personnages tourmentés. En suivant Maria, une avocate altière et implacable, elle-même prisonnière sans le savoir de cette histoire sordide, nous dénouons progressivement les fils de ce roman captivant.

La Tristesse du Samouraï est un très bon thriller psychologique, qui ne laisse pas indifférent. L’auteur nous tourmente intelligemment, nous fait souffrir ou nous dérange. On ne sort pas indemne de la lecture de ce roman. Alternant suspens, action et émotions intenses, au sein d’une énigme fascinante, Victor Del Arbol n’offre pas une minute de répit au lecteur. Il nous entraîne dans les vicissitudes de la vie de ses personnages, et nous fait découvrir les méandres de leur ignominie. Tous victimes et coupables, ils portent en eux l’héritage psychologique et les crimes de leur époque ou de leurs parents.

Victor Del Arbol nous démontre alors comment une génération peut dessiner le destin de la suivante. En étouffant les actes accomplis dans une période trouble, on insinue le doute dans l’esprit des survivants. Le silence crée un vide, comblé par des croyances auxquelles chacun se raccroche. Désormais, les descendants portent inconsciemment le fardeau de leurs aïeuls, mais sans comprendre leur sort. Et de cette incompréhension, naissent des carences affectives et identitaires. Perdus, absents, plus jamais ils ne sauront jouir pleinement de la vie. Ils subissent, comme une punition, les conséquences de ces crimes inconnus. Finalement, au-delà des meurtres, de la trahison et de la vengeance, c’est la perpétuation des secrets qui brise l’existence de ces êtres. Seule la découverte de la vérité pourra rompre ce cercle infernal, à défaut de restituer amour et dignité à ces familles. Voilà comment Victor Del Arbol nous fait astucieusement réfléchir à la transmission de la souffrance…

[cilaverce]

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