[Emploi] Statut cadre. Partie 2.


De 300 000 au début des années cinquante, la population des cadres s’élève aujourd’hui à plus de 3 millions de salariés. Mais qu’est-ce qu’un cadre ?

Un peu d’histoire.

La création du terme date de l’entre-deux-guerres.
Le cadre s’est conçu, sur le modèle de l’officier, comme quelqu’un qui, bien qu’étant dans une position salariée, et donc subordonnée, n’est pas un simple exécutant de volontés patronales et dispose d’une responsabilité sociale beaucoup plus globale ; comme quelqu’un qui, à la différence de l’employé et à l’image du patron indépendant, a des comptes à rendre, non pas simplement à un patron mais à la société tout entière. « Les cadres se découvrent progressivement comme des salariés à part entière. Pourtant, au regard de leurs spécificités, ils ne sont pas des salariés comme les autres ».

1973. L’évolution du cadre avec la crise économique.
Avec l’enlisement dans la crise économique et la massification de la catégorie « cadres », un certain nombre de recompositions s’opèrent. La coupure objective qui existait entre les cadres et le reste du salariat, et que l’UCC s’efforçait de combler, n’apparaît plus aussi évidente. Le rapport général du 3e congrès de 1978 souligne ces évolutions : « la crise économique a servi de révélateur et d’accélérateur de ce « malaise » : les cadres sont aujourd’hui à la recherche d’une identité, dans une société qui ne les gâte plus ».  « leur relation à l’emploi devient identique à celle des autres salariés », « ils se sont aperçus qu’ils n’étaient plus des privilégiés », « le couple sécurité/fidélité qu’ils vivaient dans leurs rapports avec les directions a éclaté », « la mobilité professionnelle et géographique est apparue de plus en plus comme une contrainte », « les cadres n’ont plus de perspectives valorisantes », « leur relation au salaire est devenue souvent identique à celle des autres salariés ».

1981. Sortir de la crise. « les cadres ont un rôle déterminant à jouer [pour sortir de la crise]. Ce sont eux qui, dans la division du travail d’aujourd’hui, inventent, innovent, créent, gèrent. »

1984. Métiers de cadres. « être cadre, ce n’est pas simplement occuper une place dans une hiérarchie ou appartenir à un groupe social, c’est aussi et d’abord être un homme ou une femme de métier, un professionnel. Cette attention pour le travail correspond aussi à l’émergence rapide de cadres « experts », qui se définissent moins par leurs responsabilités hiérarchiques que par leur technicité. »

1987. Cadres dans la société de l’information. « Les cadres sont et seront les moteurs des évolutions techniques : en diffusant les techniques ils changeront les systèmes d’organisation, ils changeront parfois, sans s’en rendre compte et même sans y prendre garde, le métier des autres. Pour assumer l’ensemble de ses responsabilités, le cadre devra aussi changer son propre métier tant au niveau de sa formation que de sa pratique quotidienne. »

1991. L’avenir des cadres et la banalisation. L’élévation du niveau moyen d’éducation amènent beaucoup de gens à pronostiquer la banalisation du groupe social. «Diplômes, hérédité sociale, revenus et pouvoir peuvent se combiner de diverses manières. Cela aura des conséquences sur le groupe social. »

1997. La controverse de la performance.
« Les cadres doivent pouvoir et savoir gérer leur parcours professionnel. Cela passe par l’exercice du droit aux bilans de compétence, une formation continue qu’ils doivent orienter tant pour les besoins de leur fonction, mais également pour rester ou devenir qualifiés et performants par rapport à de nouveaux besoins des entreprises. »
Malgré la polémique survenue face au terme de “performance”, qui rappelle celle des chevaux de course et la rentabilité économique à tout prix, l’amendement est voté. Les cadres sont donc appelés à être performants.

2002. L’enquête travail en question. La catégorie « cadres » semble avoir perdu son unité. La fonction de cadre se définirait au carrefour de quatre capacités mises en œuvre de façon concomitante, avec une pondération propre à chaque cadre. Il s’agit de la technicité (formation, expérience, culture professionnelle), de la responsabilité (répondre de ses actions ou de celle des autres), de l’autonomie (droit pour l’individu de déterminer librement les règles auxquelles il se soumet), et enfin de l’initiative (capacité de proposer et de mettre en œuvre une solution face à un problème dans attendre l’intervention d’un tiers).

2004. Les cadres au travail. Les nouvelles règles du jeu. Que sont les cadres aujourd’hui ? une catégorie professionnelle ambivalente. Ce sont, d’un côté, les salariés les plus directement concernés par les discours managériaux sur l’autonomie, la responsabilité ou la mobilité. Les cadres forment, d’un autre côté, une catégorie attachée à ce qui fait sa différence : des salariés « qui ne comptent pas leur temps ».

  • Les cadres sont-ils nomades ? Plutôt que devenir « acteurs de leur carrière » en pariant sur la mobilité », les cadres tendent majoritairement de jouer leur avancement dans un seul établissement.
  • Sont-ils autonomes ? Ils ne sont que rarement associés aux décisions stratégiques de l’entreprise. Leur autonomie concerne la faculté d’organiser leur temps de travail, encore que leur activité doive constamment s’adapter aux demandes de la clientèle. C’est pourtant au nom de l’autonomie que les cadres refusent généralement le décompte de leurs heures de travail, qui les placerait sur le même plan que les autres salariés.
  • Le forfait, synonyme de longues heures de travail (44 h 50 en moyenne), est l’un des attributs sur lesquels ils s’attachent à fonder leur distinction. Si les cadres expriment globalement une satisfaction de leur travail, des revendications se dessinent, sur leur charge excessive de travail ou sur leur droit de s’opposer à des décisions éthiquement contestables.

[Source : cadreplus.net]

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