[Extrait] Le sens de la répartie


On raconte une répartie célèbre (vraie ou fausse ? rumeur ou vérité ?) d’un postulant à l’oral de Polytechnique. Comme il ne répondait pas correctement, l’examinateur s’adresse à l’appariteur : “s’il vous plaît, apportez de l’avoine pour cet âne !” Le jeune homme, ne se démontant pas, répond du tac au tac : “Apportez deux pitances, s’il vous plaît, nous sommes deux à table !”. Suite à cette répartie, il aurait été reçu sur le champ.

Nous pensons souvent que pour avoir une meilleure répartie, il faut forcer son esprit à être prêt, ce qui est impossible ! La répartie repose sur l’humour, le lâcher-prise, la créativité, la non-violence.  Notre créativité ne peut s’exprimer que dans le lâcher-prise. Ce sont les principes fondamentaux du théâtre d’improvisation et du clown. Lors d’une improvisation, il faut toujours aller dans le sens de l’autre, accepter de rentrer dans son monde, afin de créer la connivence, la communication, et inventer ensemble dans un univers commun. Ce dernier prend alors une extension, une forme nouvelle à laquelle l’autre est obligé d’adhérer, puisqu’il l’a initié !

“- Vous n’êtes qu’un vieil imbécile !
– Vous avez raison, je ne suis plus très jeune.”

En ne répondant pas sur le contenu attendu, le deuxième larron signifie au premier plusieurs choses qui ont un effet sidérant car non prévu :

  • je ne rentre pas dans votre logique
  • je ne suis pas vexé et, même plus, j’en rajoute et je vous dis que vous avez raison
  • je ne me battrai pas avec vous
  • je sais qui je suis, je suis stable en moi-même
  • je suis prêt, je n’ai pas peur, mieux, je m’amuse sincèrement

C’est toute la différence entre collaborer et affronter.
Ce nouveau paradigme va certainement désarçonner, et c’est un des buts recherchés ! Car vous pourrez alors utiliser votre sens de l’humour, votre répartie pour injecter autre chose dans la relation, et reprendre une part du contrôle que vous avez perdu…

D’autres exemples pour la route :

  • Dans le film “Oui, mais” d’Yves Lavandier, le psy utilise ces techniques avec sa jeune patiente. Celle-ci doit s’entraîner à mettre un peu d’humour pour ne pas être vexée dès que son petit ami lui fait une remarque pour la taquiner. Il lui propose d’aller dans le même sens que l’autre, et lui soumet un petit exercice :

– “Eh ben dites donc, vous auriez pu venir me voir bien habillée quand même ! Voyez, votre pull n’a aucune forme !
– Heu… Oh, c’est dur, ça !
– Rappelez-vous les principes : “Oui, et même que…”
– Oui, et même… on dirait un sac à patate ! “

La jeune fille finit par s’amuser et développe une créativité sans précédent. Elle réussit même à épater son petit copain qui du coup devient fou amoureux d’elle alors qu’il était jusqu’à présent un peu lassé par son sérieux de tous les instants.

  • Un dépanneur alsacien qui arrive avec 3 heures de retard sur le lieu de l’accident “Ah ! Mais, matame ! C’est la pat’rie !”
    La propriétaire de la voiture répond immédiatement :  “Quoi ? Elle est en danger ?” Cette petite remarque l’a remise de bonne humeur !
    Tentez de garder votre humour en gérant vos émotions.
  • “- Ton père et moi, tu nous feras mourir de chagrin.
    –  Tant mieux, comme ça, on ne retrouvera pas l’arme du crime.” (Mélodie en sous-sol)
  • “- Il n’y a pas d’hélice, hélas.
    – C’est là qu’est l’os.” (La Grande Vadrouille)
  •  Un député à Ségolène Royal : “- Tiens, la vache folle !
    – C’est mieux qu’un vieux cochon !”

[La rébellion positive, I.Méténier & H.Aguini] 

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