Faut-il féminiser les noms de nos métiers ?


Jeudi 21 mars au Baltard, une nouvelle rencontre-débat “IT au féminin” a eu lieu, sur le thème “Faut-il féminiser les noms de nos métiers ?“. Dans une ambiance conviviale, les participantes ont échangé sur leur vécu en entreprise et partagé leurs connaissances sur l’évolution du vocabulaire au fil des derniers siècles.

Au-delà des noms de métier, nous avons aussi évoqué le statut de la femme et les différences de droits entre homme et femme en entreprise, la question de l’identité avec les conditionnements et les préjugés qui y sont liés… pour conclure que le changement se mène individuellement (pour dépasser sa peur de déplaire à la norme) et collectivement (pour faire évoluer les mœurs).

Le débat s’est ouvert suite au visionnage de la vidéo de Noémie de Lattre qui nous parle de la langue française. On y apprend notamment que les mots “vainqueur” et “plombier” n’ont pas de féminin – ou que le mot “autrice” existait jusqu’à la fin du XVIIème siècle avant de disparaître. En effet, assez usité durant toute la Rennaissance, il a disparu de la langue française – ainsi que “peintresse”, “vainqueresse”, “philosophesse” et même “citoyenne” – sous l’influence de grammairiens misogynes de l’époque classique (Boisegard et Vaugelas en particulier) qui les considéraient impropres. Une loi a même été édictée en 1647 pour faire “prédominer le masculin sur le féminin”… car il serait “plus noble” ! Alors que jusque là, les lois de proximité “un homme et une femme sont belles” ou de majorité “mille femmes et un homme sont belles” s’appliquaient. Finalement il s’agirait davantage de dé-masculiniser les noms que de les féminiser…

La soirée a permis de s’accorder sur nos usages en entreprise.

Nos constats : 

  • Alors que les “responsable”, “consultante”, “ingénieure”, “administratrice système” sont adoptés aisément, il est plus difficile pour certaines femmes d’endosser le titre de “directrice” ou “développeuse” quand elles veulent s’intégrer sans se faire remarquer dans une équipe d’hommes
  • Certains termes interrogent :  “cheffe de projets” semble peu courant, et les anglicismes ne sont pas évidents à convertir : “femme manager” ou “manageuse” (qui existe dans le dictionnaire) ? coach professionnel ou professionnelle ?
  • Il apparaît également que certains noms de métiers n’ont pas leur équivalent dans l’autre genre : médecin (femme-médecin), ambassadeur (l’ambassadrice est la femme de l’ambassadeur !), cantatrice (chanteur d’opéra), puéricultrice (puériculteur est utilisé dans le langage courant mais n’est pas reconnu officiellement)… 
  • Le déséquilibre en termes de droits va dans les deux sens : plafond de verre pour les femmes en entreprise quand les hommes cooptent leurs homologues par mimétisme vs. congé parental réduit pour les hommes comparé aux pratiques des pays nordiques… 
  • Les préjugés ont la vie dure pour les deux genres : réflexions misogynes en entreprise vs. misandrie dans le milieu de la petite enfance par exemple – une participante nous a raconté cette anecdote d’une crèche où les parents ont demandé à ce que l’homme en charge des enfants n’ait pas le droit de changer les couches… le poussant finalement à démissionner. 
  • Les conditionnements marketing sont adoptés très tôt par les enfants. Le clivage “fille” / “garçon” des vêtements ou des jouets incite les parents à racheter la bicyclette en deux exemplaires par exemple… et les conditionnements sociaux continuent de se propager – “les filles sont douces” “les garçons ne pleurent pas” – créant des identités féminines ou masculines types, dans lesquelles chacun ne se reconnaît pas forcément. Les transgenres ou transsexuels, par exemple, qui s’identifient davantage à l’autre genre, et souhaitent bénéficier des mêmes droits (vestimentaire, maquillage, sensibilité…), interrogent cette notion d’identité toute faite.
  • Finalement, l’évolution des mœurs se mène à deux niveaux : individuel – c’est à chacun de remettre en question ses croyances pour dépasser ses propres limites conditionnées par les normes – et collectif – pour faire évoluer ensemble les pratiques actuelles, s’ouvrir davantage en termes de tolérance, et créer un équilibre qui convienne à chacun peu importe sa différence.

Prochaine rencontre

Nous préparons une nouvelle session pour la rentrée (septembre/octobre) sur la thématique de “la maternité en entreprise”. Au plaisir de vous y retrouver nombreux/ses ! Inscrivez-vous sur le groupe linkedin pour être tenu(e)s informé(e)s.

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