Critique : “Je vais passer pour un vieux con”, P.Delerm


Cette année je participe à un concours de critique littéraire…

Dans son ouvrage “Je vais passer pour un vieux con”, Philippe Delerm souligne et décrypte les petites phrases de la vie quotidienne – toutes ces expressions qui ont peu de sens par elles-mêmes mais qui révèlent beaucoup sur ceux qui les utilisent. Sa plume, tantôt comique, tantôt acerbe, reste toujours poétique. Philippe Delerm manie les mots avec un dextérité fascinante pour dévoiler ces phrases qui nous trahissent.

Pourtant, par trop de facéties et une syntaxe alambiquée, l’auteur nous perd. Sa prose nous éloigne de ses considérations pratiques. Quel est son but en réalité ? Dénoncer l’hyprocrisie sociale ou nous bercer de sa littérature ? Il réussit fort bien les deux projets, surtout le deuxième. A force de lyrisme, sa poésie nous apaise et nos pensées s’égarent, vagabondent… loin de la lecture. Un effort de concentration est alors nécessaire pour dépasser la musique des mots, et se concentrer sur leur sens.

Une fois la poésie assimilée, étudions le contenu. Philippe Delerm nous propose-t-il une analyse psychologique ou rationnelle des expressions qu’il décortique ? Pas vraiment. Il nous expose plus vraisemblablement des situations de la vie courante, qu’il observe avec un oeil tantôt attendri, tantôt critique. Il juge les “petites phrases” autant que leurs auteurs. Il nous dépeint, avec suffisance parfois, des personnages communs que nous connaissons tous.

Il affirme ainsi que l’amateur de tennis qui s’exclame sur le cours “alleeez” est “un peut branleur, plutôt friqué. Un petit con.” La poésie nous quitte, l’attaque est franche et directe. A peine plus subtile, sa critique du jeune individu qui déclare “J’étais pas né” à la question de culture qu’on lui pose. Le paragraphe se termine ainsi : “Vous connaissez la bêtise ? Levez les yeux au ciel, cherchez. Vous étiez déjà né.” Il semblerait que Philippe Delerm utilise la littérature pour se venger des “petites gens” qui l’incommodent…

D’autres histoires sont plus légères, ou plus fines. On appréciera sa justesse, son point de vue travaillé. Il est plus difficile en revanche d’adhérer à son humour, qui demande une tournure d’esprit… plus intellectuelle peut être ? Ne serais-je pas le bon lecteur ?

En conclusion, Philippe Delerm s’adresse à un public d’initiés, qui apprécie les bons mots, la poésie et comprend aisément le second degré. Je préfère les histoires, le suspens, l’humanité… je rends mon encrier !

[cilaverce]

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